Économie comportementale

Les perspectives de l'économie pluraliste

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Ce texte présente la pluralité des approches en économie. Dans la section d'orientation, vous pouvez découvrir et comparer dix principales écoles de pensée.

Auteurs originaux: Felix Kersting et Daniel Obst | 10 avril 2016 
Révision académique originale: anonyme (Professeur) 
Traduction française : Ludovic Bequet  

1. Eléments principaux 

L’économie comportementale est un champ relativement récent de l’économie mainstream. Elle s’intéresse principalement aux déviations du comportement humain qui, du point de vue de l’économie néo-classique, apparaissent comme « biaisées » ou « non-standard » (le standard étant le comportement rationnel supposé émerger du calcul de l’homo economicus). Dans cette perspective, le comportement humain est expliqué au travers du prisme des préférences sociales, des heuristiques et des normes, ce qui suscite de nouveaux modèles comportementaux. Les résultats scientifiques sont principalement issus d’expériences de terrain ou de laboratoire, et les apports des disciplines voisines (psychologie, sciences sociales, neuroscience, science cognitive etc.) sont utilisés et transposés à la discipline économique. Cette méthodologie et cette interdisciplinarité servent à améliorer la fiabilité et la précision des explications du comportement humain dans le domaine de l’économie. 

2. Terminologie, analyse et conception de l’économie 

En général, l’économie comportementale ne se base pas sur des hypothèses théoriques ou normatives à propos de la manière dont le système économique fonctionne ou devrait fonctionner. À la place, les principales théories économiques (néoclassiques) sont analysées et révisées au regard du comportement humain, repérant des déviations du modèle néoclassique dans des contextes économiques concrets, comme le marché ou les biens publics (Weber & Dawes 2010, 91). De la sorte, l’économie comportementale se concentre sur les comportements humains observables. Les concepts centraux concernent en particulier les humains et leurs décisions. Ainsi, les humains sont décrits comme se comportant conformément à une « rationalité limitée ».

Différentes explications des causes sont avancées. Une idée dominante est la théorie du « processus dual » (dual process theory) : d’après Daniel Kahneman (2011), il y a deux manières différentes de penser, basées sur le système impliqué dans la décision, en fonction de la situation. Le premier, le système intuitif, est décrit comme étant rapide, aisé et versatile au niveau de ses performances, tandis que le second, le système logique, est plus élaboré, fiable et lent. Comme le système intuitif dévie des prédictions du modèle comportemental rationnel, les humains sont considérés comme se comportant avec une rationalité limitée.

En se basant sur la théorie de la décision néoclassique, l’économiste comportemental Matthew Rabin (2002) a développé trois déviations de la théorie néoclassique de « l’utilité espérée » (expected utility theory), qui sont devenues des différentiations importantes de la recherche en économie comportementale. Rabin a développé des « préférences non standard », des « croyances non standard » et des « décisions non standard » (chacune faisant respectivement référence à une partie de la fonction mathématique utilisée par la théorie de l’utilité espérée). Elles sont décrites ci-dessous, avec deux exemples présentés dans chaque cas (voir DellaVigna 2009 pour plus d’exemples).

  • Les préférences non standard font référence aux éléments qui forment une partie de la fonction d’utilité. 

  • Les préférences sociales: Celles-ci incluent les preuves d’altruisme et de réciprocité. Exemple: les humains ne se préoccupent pas uniquement de ce qui leur revient, ils se sentent également concernés par la distribution de la richesse parmi leur entourage (Rabin 1993, Levine 1998, Fehr et Schmidt 1999, Bolton et Ockenfels 2000).   

  • Préférences temporelles: Les humains ne décomptent pas le temps de manière consistante mais ont une vision biaisée de la valeur d’une chose au moment présent. En conséquence, les décisions concernant les investissements futurs et l’épargne dévient des prédictions néoclassiques (Frederick, Loewenstein and O'Donoghue 2002).

  • Les croyances non standard font référence à la part du processus de décision dans laquelle des probabilités doivent être prises en compte. 

  • Sur-confiance (overconfidence) : Les humains tendent à surestimer leurs propres capacités. Par exemple, 93% des conducteurs aux USA estiment qu’ils conduisent mieux que le conducteur moyen américain (Svenson 1981). De même, les managers des grandes entreprises surestiment leur capacités (Malmendier and Tate 2005). 

  • La loi des petits nombres : Les humains ont tendance à extrapoler des statistiques depuis un échantillon non-représentatif vers toute la population. Par exemple, même si un gestionnaire de fonds travaille mieux que la moyenne du marché durant trois ans, cela n’implique pas que cette bonne performance va nécessairement continuer pour les années suivantes.

  • Les décisions non standard font référence aux ligne directrices de la décision, la maximisation étant le cas normal. 

  • Le cadrage : Les décisions ne dépendent pas uniquement des résultats attendus mais elles sont également assujetties à la manière dont ces résultats sont présentés. Les docteurs ont plutôt tendance à utiliser un médicament risqué s’il est présenté avec la phrase « sauve 90 malades sur 100 » plutôt que « tue 10 malades sur 100 » (Tversky and Kahneman 1981). 

  • Les heuristiques : Les humains ont recours  à une variété de règles d’usage (rules of thumb) afin d’atteindre une décision plus rapidement. L’heuristique de disponibilité décrit la surestimation des probabilités lorsqu’un évènement se révèle à la cognition d’un individu. Par exemple, après qu’un crash d’avion ait été couvert par les médias, la population ayant lu ou vu des informations liées à l’évènement surestime la probabilité qu’un avion va avoir un accident dans le futur (Thaler and Sunstein 2008).

L’utilisation du terme “non-standard” dans la classification de Rabin illustre clairement l’orientation vers l’économie mainstream. Ce faisant, cette version de l’économie comportementale vise en premier lieu à générer de meilleures théories, en second lieu à faire de meilleures prédictions futures et enfin, à présenter de meilleures recommandations à la sphère politique. (Camerer and Loewenstein 2004). 

Il existe différentes opinions sur la manière dont les découvertes des recherches mentionnées ci-dessus devraient impacter la théorie de la décision. Certains chercheurs étendent juste la théorie néoclassique de l’utilité espérée en y ajoutant les résultats de l’économie comportementale. Par exemple, la « théorie des prospects » (prospects theory) de Daniel Kahneman et Amos Tversky (1979) maintient essentiellement le concept de maximisation d’utilité bien que dans leur modèle, les pertes soient pondérées deux fois plus fort que les gains. En revanche, certains concepts rejettent une vaste part de la théorie de l’homo economicus, ou utilisent d’autres modèles comportementaux comme point de départ. Cela inclut la recherche sur les normes sociales, où les attentes d’autres personnes influencent directement le comportement d’un individu. Concernant l’approche théorique, à l’exception de l’utilisation de l’approche néoclassique des choix rationnels, l’économie comportementale met en jeu des concepts provenant d’une variété de disciplines. Deux exemples de ces disciplines sont la sociologie et la psychologie sociale, qui se basent sur des hypothèses scientifiques différentes (Bicchieri and Muldoon 2011). Dans certaines études, l’impact des normes sociales est utilisé pour induire un changement comportemental, par exemple dans le but de minimiser l’effort (Allcott 2011). 

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3. Ontologie 

L’attention portée par l’économie comportementale au comportement humain fait de l’individu l’unité centrale de l’analyse. Cependant, en contraste avec l’économie mainstream, le comportement humain est conceptualisé d’une manière plus complexe au niveau ontologique. L’économie néoclassique suppose un idéal-type réductionniste d’homo economicus, caractérisé par un ensemble de préférences stables vis-à-vis d’un panier de biens. En revanche, dans l’économie comportementale, pour des raisons de modélisation, le comportement individuel est déterminé par des règles d’usage, des heuristiques, des désirs, des humeurs, des émotions, entre autres choses (Anger 2014). Alors que la théorie néoclassique ne correspond pas au comportement réel visible, l’économie comportementale a historiquement développé (et continue à développer) de nouveaux modèles comportementaux plus précis et plus justes. 

À première vue, ce qui cause des déviations du modèle de l’homo economicus au niveau ontologique n’est pas explicite. Dans le discours scientifique, il existe des explications théoriques concurrentes et complémentaires qui voient leur cause principale passer d’une vision réductionniste de l’individu isolé à une vision plus inclusive de l’individu agissant dans un groupe ou contexte précis. Un exemple d’approche réductionniste est l’analyse des capacités cognitives. Les auteurs Sendhil Mullainathan et Eldar Sharif (2013) décrivent que chaque individu a ce qu’ils appellent une rareté cognitive. En conséquence, les décisions sont limitées rationnellement à cause d’une limitation de la pensée humaine. Les exemples de théories en lien avec l’approche conceptuelle incluent des publications sur les normes sociales, qui mettent en avant l’influence du contexte sur les décisions individuelles (pour une revue théorique, cfr Bicchieri, Muldoon 2011). 

La recherché en économie comportementale ne présente pas une réponse universelle quant à savoir si c’est l’approche réductionniste ou contextuelle qui donne des résultats plus adéquats et fiables. Une autre question encore disputée qui fait actuellement débat est de savoir si les préférences sont ancrées à l’intérieur des êtres humains (individualisme méthodologique qui décrit des préférences et réactions stables) ou si elles sont influencées par des facteurs externes et donc considérées comme endogènes (voir section 7). 

De plus, la rareté des ressources est souvent vue comme le problème économique central en économie comportementale. Au départ de ce constat, la question est de savoir quelles conditions externes doivent être présentes afin que le comportement des individus respecte les hypothèses de l’homo economicus, qui suppose un résultat efficient (Frank et Bernanke 2004, 4). L’attention sur la rareté comme problème économique central dérive notamment de la recherche comportementale appliquée dans la discipline de « design de marché ». Le design de marché traite de l’architecture des marchés tout prenant en compte certains objectifs. Dans l’encyclopédie économique Gabler Wirtschaftslexikon, « la maximisation des rendements, l’efficience ou la liquidité, la minimisation des coûts, la révélation de l’information » (Springer Gabler Verlag 2017) sont identifiés comme étant les principaux objectifs du design de marché. 

De plus, l’incertitude est un facteur pris en compte dans l’économie comportementale. Les gens dans un environnement incertain sont supposés ne pas calculer le choix optimal rationnellement afin d’arriver à une décision. Au contraire, ils utilisent des heuristiques de décision. Contrairement à l’économie néoclassique, l’économie comportementale entreprend d’analyser les décisions prises sous incertitude fondamentale, lorsque le niveau de risque reste inconnu (Tyszka 2015, 12). Mais les heuristiques ne sont pas limitées aux décisions sous incertitude et peuvent être appliquées dans de nombreuses situations dans le processus de décision. En comparaison avec les autres écoles de pensée, comme l’économie autrichienne ou l’économie postkeynésienne, l’incertitude occupe un rôle subordonné et n’est considéré que dans une branche de l’économie comportementale. 

Comment l’économie comportementale traite les successions temporelles à un niveau ontologique ? Dans la plupart des théories et modèles, elles sont traitées comme étant statiques. Cela signifie que le modèle vise à prédire des évènements futurs dans des périodes temporelles groupées. Les préférences inconsistantes dans le temps font preuve d’un certain degré de dynamisme, mais les résultats de ces dynamiques ne sont pas ouverts ou indéterminés (par exemple, Frederick, Loewenstein et O‘Donoghue 2002). De même, les autres approches telles que la “prospects theory” (Kahneman et Tversky 1979) s’en tiennent à une compréhension dans laquelle les points de référence passées influencent dynamiquement le comportement futur, mais pas d’une manière ouverte ou indéterminée. 

4. Epistémologie 

L’économie comportementale suppose que le comportement attribué à l’homo economicus n’est pas adéquat pour décrire le comportement (de décision) humain. Ceci représente le thème central de l’économie comportementale. Le point de départ de l’économie comportementale est le monde réel dans lequel les théories et les hypothèses peuvent être testées au travers d’expériences (voir section 5). Cette orientation descriptive correspond à un réalisme épistémologique, supposant que les scientifiques peuvent observer et décrire le comportement humain de manière relativement aisée. Les questions concernant la production du savoir et la dynamique autoréférentielle de la science et des concepts scientifiques sont adressées par des approches constructivistes. Ces questions ne jouent pas un rôle important dans l’économie comportementale même si l’application des résultats comportementaux est promue par les scientifiques de ce même domaine (voir section 6). 

Concernant la classification des résultats empiriques, le comportement supposé de l’homo economicus est pris comme référence pour mesurer le comportement observable. Cela devient apparent, par exemple, dans le discours de Kahneman (2003, 1449), lauréat du Prix Nobel, dans lequel il explique que dans sa recherche, il tente d’explorer « les biais systématiques qui séparent les croyances qu’ont les individus et les choix qu’ils font à partir des croyances et choix optimaux supposés dans les modèles d’agent rationnel ». De cette manière, il peut être déterminé si une personne se comporte en phase avec les hypothèses de l’homo economicus et dans quelle mesure son comportement dévie de ce concept (Angner 2014). Pour certains chercheurs, la référence néoclassique est aussi un idéal normatif. Ainsi, Richard Thaler (2016a, p. 1591) écrit “La théorie de l’utilité espérée reste l’étalon-or de la manière dont les décisions doivent être prises face à un risque. » Cette position est formulée de manière plus poussée par Colin Camerer et al. (2003) : « Le challenge est de comprendre quelles sortes de comportement « idiot » peuvent se produire de façon systématique, et comment les éviter, tout en imposant le minimum de restrictions à ceux qui se comportent rationnellement. » L’aspiration à réduire la différence entre les comportements observables et un point de repère idéal à travers des théories prescriptives inclut donc des éléments constructivistes (comparer par exemple le nudging de Thaler et Sunstein 2008). 

Concernant l’épistémologie, l’économie comportementale se concentre sur le comportement humain dans des situations (de décisions) économiques (dites « axés sur l’objet », c’est-à-dire qu’un problème ou phénomène spécifique est considéré comme très important). En même temps, les hypothèses sont dérivées d’un cadre théorique généralisé et sont appliquées à de multiples aspects de l’économie (ici axé sur la perspective). Ceci distingue l’économie comportementale des autres théories économiques, qui sont en général soit orientées sur l’objet soit axées sur la perspective. L’attention est donc portée sur l’analyse du comportement humain dans des situations (de décisions) économiques d’une part et sur l’affiliation théorique aux théories économiques (néoclassiques) d’autre part. L’économie comportementale fait face à cette tension comme une perspective qui suit à la fois certains intérêts et des considérations théoriques (voir section  8). 

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5. Méthodologie 

La méthodologie de l’économie comportementale se focalise sur les expériences. Une distinction est faite entre les expériences de laboratoire et celles de terrain. Dans la conception de la recherche expérimentale, seul le comportement mesuré est utilisé comme base pour l’analyse. 

Vernon Smith a posé les bases des expériences économiques standardisées. Son but était de mettre au point une situation expérimentale similaire à la situation théorique du principal-agent, avec un ensemble de choix fixes, dans le but de révéler les préférences des participants. Celle-ci repose sur l’élimination de tous les facteurs externes pouvant influencer les sujets afin de comparer les prédictions du modèle avec le comportement observé. Il développé cette approche dans la Théorie de la Valeur Induite (Induced-Value Theory, Smith 1976). En récompense de ce travail, il reçut le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Smith décrit certaines conditions méthodologiques qui doivent être vérifiées afin de produire des résultats non biaisés. Par exemple, les différents choix doivent avoir des récompenses différentes. Cela requiert un medium d’attribution des récompenses possédant certaines propriétés. Par exemple, le participant doit toujours préférer avoir plus (monotonicité) et le medium doit être tel que les autres facteurs soient non pertinents dans la réalisation du choix (dominance).  

Alors que les expériences de laboratoire étaient dominantes dans les débuts de l’économie comportementale, les expériences de terrain deviennent de plus en plus importantes (pour une revue, voir DellaVigna 2009). De plus, l’application des mesures neuroscientifiques a explosé. Souvent, le but de la méthodologie est de déterminer des effets causaux. Le design expérimental souvent utilisé, avec une randomisation entre groupe traitement et contrôle, a pour but de simuler une situation contrefactuelle aussi proche que possible, afin d’isoler l’effet d’un seul changement de mesure ou de situation. Cette orientation méthodologique se concentre sur la méthode des sciences naturelles. 

La recherche qualitative est une rare exception et sa méthodologie est clairement différente des expériences standardisées. Par exemple, Truman F. Bewley (2002) conduit 300 interviews avec des hommes d’affaires, demandant pourquoi les salaires ne diminuent pas durant une récession. Au lieu de mesurer le comportement observé, Bewley étudie les motivations individuelles. 

La génération d’hypothèse ne suit pas un schéma uniforme en économie comportementale. L’orientation empirique, portant sur l’analyse du comportement observable, implique une approche inductive (qui est aussi postulée dans certains cas, comme le montrent des citations telles que « Laisser les données raconter ce qu’il se passe, tant dans le travail empirique que dans le développement de la théorie » Thaler 2016b). Mais, en général, les hypothèses sont dérivées du construit déductif de l’homo economicus et de ses formes dérivées. De plus, les expériences sont utilisées lorsque la théorie ne suggère pas de prédictions claires, ou pas de prédictions du tout. 

6. Idéologie et objectifs politiques 

Le but de la recherche en économie comportementale est d’améliorer la connaissance du comportement de décision humain ainsi que de mieux informer et de façonner politiquement les phénomènes sociaux (comme l’investissement dans des pensions privées, les soins de santé, les décisions financières ou d’éducation), principalement en accord avec l’idéal normatif du choix rationnel. Cela signifie que le comportement qui est considéré comme n’étant pas économiquement rationnel doit être réduit progressivement. Des « nudges », ou coup de pouces (tels que les paramètres par défaut des systèmes de pension, l’aménagement des légumes dans la cafeteria ou la présentation de l’information) sont vus comme des instruments appropriés (Thaler et Sunstein 2008) pour amener les humains à décider comme s’ils n’avaient pas de rationalité limitée, c’est-à-dire comme s’ils pouvaient parfaitement se contrôler. Il est supposé que les humains eux-mêmes préfèrent ces mécanismes et ces décisions en comparaison avec celles résultant de leur rationalité limitée. Richard Thaler et Cass Sunstein (2008) décrivent ces approches comme du paternalisme libéral. Le paternalisme libéral diffère du pur paternalisme dans le sens où les possibilités ne sont pas restreintes. En revanche, l’architecture des choix est changée en faveur du résultat préféré. Pour le débat en philosophie de l’économie, voir Robert Lepenies et Magdalena Malecka (2015).

De plus, les résultats de l’économie comportementale sont utilisés pour mesurer l’efficacité de politiques envisagées dans un certain but. Pour les économistes comportementaux, l’expérience est la méthode adéquate afin de comparer les différentes options de politiques. Le Behavioural Insights Team (Equipe de Connaissances Comportementales) du Royaume Uni, qui travaille pour le gouvernement, développe des instructions pour les autorités publiques afin de mener des expériences au niveau local. Cela implique un virage vers les situations concrètes comme point de départ des politiques. Cette approche est également appliquée en économie du développement par Abhijit Banerjee et Esther Duflo (2012), qui épousent également l’idée du paternalisme.

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Étude

 

7. Débats et analyses actuels

Un débat récurrent dans la littérature d’économie comportementale porte sur la question de savoir si les préférences sont endogènes ou exogènes. Une étude connue de Joseph Henrich et al. (2001, 77) tire la conclusion suivante : « Les préférences portant sur les choix économiques ne sont pas exogènes, comme le modèle standard les présente, elles sont plutôt façonnées par les interactions économiques et sociales du quotidien ». Une grande étude de Armin Falk et al. (2015) arrive à des résultats similaires. Ceci fait référence à un débat en économie du bien-être (welfare economics), un champ de l’économie mainstream qui admet des affirmations normatives. Cependant, si les préférences sont considérées comme endogènes, les affirmations normatives ne font plus sens car l’économie du bien-être suppose des préférences stables et exogènes. En conséquence, un débat en philosophie de l’économie sur la « purification des préférences » discute si les hypothèses sur des affirmations vraies sont encore possibles en économie du bien-être (voir Infante et al. 2016). 

La recherche récente porte, en outre, sur le renouvellement de la conception des idées concernant l’individu. Cela semble nécessaire étant donné que l’économie comportementale rejette l’homo economicus comme agent des modèles économiques. Dans ce contexte, George Akerlof et Rachel Kranton (2000) établissent l’identité, principalement comprise comme une préférence à se conformer aux normes, comme faisant partie de la recherche économique. (Un autre concept d’identité est présent dans le travail de Bénabou et Tirole 2011). L’état actuel du débat est synthétisé par Rachel Kranton (2016), et pour une analyse comparative critique, par John Davis (2011). 

Les personnes testées dans les expériences de laboratoire sont aussi un sujet de débat (pour une revue, voir Levitt et List 2007 et pour une réponse Camerer 2015). Dans un article qui a fait grand bruit, Henrich et al. (2010) ont qualifiés les personnes testées de « personnes les plus bizarres du monde ». Dans ce contexte, bizarre signifie « Occidental, Eduqué, Industrialisé, Riche et démocratique », de l’acronyme anglais du mot « weird » (bizarre) :  Western, Educated, Industrialized, Rich and Democratic. D’après les auteurs de l’étude, même si les résultats des expériences économiques en laboratoire ne représentent pas le comportement moyen ou habituel, des conclusions générales sont tout de même tirées sur la base de ces expériences. Cela remet en question la validité externe de ces expériences. En revanche, Armin Falk et James Heckman (2009) considèrent que ces problèmes sont moins sévères et pointent du doigt la forte validité interne, la possibilité d’identifier des effets causaux ainsi que la possibilité de combiner des résultats d’expérience avec des données d’enquête afin d’améliorer la validité externe. 

Au sujet des implications politiques de l’économie comportementale, les travaux de Thaler et Sunstein sur les « nudges » et le paternalisme libéral sont souvent débattus, principalement dans d’autres sciences sociales que l’économie. Les grands principes de ces auteurs sont que le comportement rationel limité mène à des « échecs de marché comportementaux » et que les personnes se portent souvent préjudice de manière inconsciente. Dans ces cas-là, les institutions ou l’État se doivent de donner un « coup de pouce » dans la bonne direction, car si ce n’est pas le cas, les individus seront poussés dans une direction par d’autres personnes, des entreprises ou des institutions dépourvues de responsabilité démocratique. En Allemagne, le psychologue Gerd Gigerenzer (2015) rejette les « nudges » car ils comptent principalement sur le choix rationnel ainsi que sur l’idéal normatif et ne conduisent pas à de meilleures offres éducatives concernant, par exemple, les décisions financières. 

8. Délimitation: sous-écoles, autres paradigmes économiques et autres disciplines 

Il n’est pas possible de différencier systématiquement entre différents courants d’économie comportementale. Dans les manuels d’économie (par exemple Beck 2014), le domaine de recherche de l’économie comportementale est souvent délimité par les sujets suivants (similaires à la différenciation de Rabin, décrite dans la section 2) : 

  • Analyse des heuristiques, par exemple l’heuristique de représentativité, l’heuristique de disponibilité. 

  • L’actualisation et les préférences temporelles. 

  • L’altruisme, l’équité et la réciprocité. 

  • Les émotions 

  • La recherche sur le bonheur. 

D’autres distinctions, en particulier concernant l’application pratique des résultats théoriques, peuvent être faites entre différents champs, comme la finance comportementale, la macroéconomie comportementale, la politique sociale et le paternalisme libéral (cf. Beck 2014, une ligne du temps est présentée dans Heukelom 2014).

De plus, il y a eu des tentatives de classifier certains thèmes de la théorie par rapport au chercheur à l’origine du concept, ou d’un chercheur qui y a grandement contribué (Tomer 2007) : un exemple est la théorie du seuil de satisfaction (Satisficing Theory) de Herbert Simon (1955), d’après laquelle les individus ne maximisent pas leur utilité mais sont satisfait dès que leurs attentes sont comblées. Un autre exemple est le travail de George Akerlof (2002) pour intégrer les résultats comportementaux dans la macroéconomie néoclassique. Un autre exemple encore est la forte influence de Vernon Smith sur l’économie expérimentale, dérivée de son analyse du fonctionnement et de la conception des marchés (pour l’histoire, voir Svorenčík 2015). 

Alors que le courant dominant de l’économie comportementale essaie d’améliorer, non de révolutionner, les concepts néoclassiques, certains auteurs se distancient des concepts néoclassiques. Hermann Brandstätter et Werner Güth qualifient la plupart des programmes de recherches susmentionnés d’ « ateliers de réparation néoclassiques » (1994), vu que les modèles standards sont élargis par les résultats d’économie comportementale mais que les hypothèses sur la maximisation rationnelle sont maintenues. Il existe cependant des théories qui rejettent le concept de maximisation de l’utilité. Des exemples de ce rejet sont la théorie du seuil de satisfaction (Simon 1955), la théorie de l’adaptation de l’aspiration (Aspiration Adaptation Theory, Selten 1998), la prise de décision au cas par cas (Case-based Decision Making, Gilboa et Schmeidler 2001) ainsi que les heuristiques rapides et frugales (Fast and Frugal Heuristics, Gigerenzer et Goldstein 1996). 

Enfin, le champ de la neuro-économie, avec un intérêt marqué sur la recherche médicale, vaut la peine d’être mentionné, prenant comme point de départ des résultats neuroscientifiques. Le comportement y est souvent analysé par le biais d’imageries à résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf). 

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9. Délimitation par rapport au courant dominant 

L’une des principales différences entre l’économie comportementale et les théories centrales du courant dominant est la façon dont le comportement humain est classifié. Alors que dans le courant néoclassique, on considère que concevoir le comportement en termes d’homo economicus est adéquat, à la fois de façon descriptive et de façon normative, en économie comportementale, le comportement en termes d’homo economicus est vu comme une orientation normative (voir Kahneman 2003 et Thaler 2016a). D’un point de vue descriptif, le fondement de la théorie est le comportement humain observable.  

Outre cette différence, l’économie comportementale est un champ reconnu de l’économie mainstream. Cette reconnaissance et cette compatibilité de l’économie comportementale sont dues aux méthodes expérimentales qui ont également un statut standard dans d’autres champs empiriques de la recherche en économie mainstream (voir Angrist et Pischke 2014). 

10. Institutions 

Représentants: 

  • Anciens: Herbert Simon, Amon Tversky, Vernon Smith, Reinhart Selten 

  • Actuels: Daniel Kahneman, Colin Camerer, Matthew Rabin, David Laibson, George Loewenstein, Richard Thaler, Ernst Fehr

Revues: 

  • Games and Economic Behavior 

  • Experimental Economics 

  • Journal of Economic Behavior & Organization 

  • Egalement des revues populaires telles que l’American Economic Review, Quarterly Journal of Economics, Econometrica, Journal of Political Economy, Review of Economic Studies, Economic Journal, Journal of Economic Perspectives, Journal of Economic Literature

Think Tanks / Universis: 

  • Universités: Bonn, Köln, Zürich, London School of Economics and Political Science, Warwick, Nottingham; pour les USA c.f. https://www.behavioraleconomics.com/be-grad-programs/ 

  • Centres de recherche: WZB Berlin, MPI für Bildungsforschung Berlin 

  • Table ronde d’économie comportementale (Behavioral Economics Roundtable), associée à la Russell Sage Foundation

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Références

Akerlof, George A. 2002. “Behavioral Macroeconomics and Macroeconomic Behavior”. The American Economic Review 92 (3): 411–33. 

Akerlof, George A., and Rachel E. Kranton. 2000. “Economics and Identity”. The Quarterly Journal of Economics 115 (3): 715–53. 

Allcott, Hunt. 2011. “Social Norms and Energy Conservation”. Journal of Public Economics 95 (9–10): 1082–95. 

Angner, Erik. 2014. “To Navigate Safely in the Vast Sea of Empirical Facts”: Ontology and Methodology in Behavioral Economics“. SSRN Scholarly Paper 2489061. Rochester [NY]: Social Science Research Network. 

Banerjee, Abhijit V., and Esther Duflo. 2012. “Poor economics: a radical rethinking of the way to fight global poverty. New York [NY]: Public Affairs. 

Beck, Hanno. 2014. “Behavioral Economics: eine Einführung”. Wiesbaden: Springer Gabler. 

Bénabou, Roland, and Jean Tirole. 2011. “Identity, Morals, and Taboos: Beliefs as Assets”. The Quarterly Journal of Economics 126 (2): 805–55. 

Bewley, Truman F. 2002. “Why Wages Don't Fall during a Recession”. Cambridge: Harvard Univ. Press. 

Bicchieri, Cristina, and Ryan Muldoon. 2011. “Social Norms”. Stanford Encyclopedia of Philosophy. http://plato.stanford.edu/entries/social-norms/ checked on 16.02.2017. 

Bolton, Gary E, and Axel Ockenfels. 2000. “ERC: A Theory of Equity, Reciprocity, and Competition”. The American Economic Review 90 (1): 166–93. 

Brandstätter, Hermann, and Werner Güth, Ed. 1994. “Essays on Economic Psychology.. Heidelberg: Springer. 

Camerer, Colin. 2015. “The Promise and Success of Lab-Field Generalizability in Experimental Economics: A Critical Reply to Levitt and List”. In Handbook of Experimental Economic Methodology, edited by Guillaume R. Fréchette and Andrew Schotter, 249–95. Oxford: Oxford University Press. 

Camerer, Colin, Samuel Issacharoff, George Loewenstein, Ted O’Donoghue, and Matthew Rabin. 2003. “Regulation for Conservatives: Behavioral Economics and the Case for ‘Asymmetric Paternalism’”. University of Pennsylvania Law Review151 (3): 1211–54. 

Camerer, Colin, and George Loewenstein. 2004. “Behavioral Economics: Past, Present, Future”. In Advances in Behavioral Economics, edited by Colin Camerer, George Loewenstein, and Matthew Rabin, 3–51. Princeton [NJ]: Princeton University Press. 

Davis, John. 2011. “Individuals and Identity in Economics. Cambridge: Cambridge University Press. 

DellaVigna, Stefano. 2009. “Psychology and Economics: Evidence from the Field”. Journal of Economic Literature 47 (2): 315–72. 

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Modules de cours assignés

Titre Institution Date de début Niveau
Behavioural Finance Lectures University of Western Sydney rythme libre avancé
Behavioral Economics in Action University of Toronto rythme libre débutant
Behavioral Investing Indian School of Business toujours débutant
Introduction to Complexity Santa Fe Institute toujours débutant
An Introduction to Political Economy and Economics n.a. 2022-01-30 débutant
Psychology and Economics Massachusetts Institute of Technology rythme libre avancé
Behavioural insights for public policy None rythme libre débutant

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